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L’électronique auto : quelles solutions en cas de panne ? Réponses d’un professionnel

L’électronique auto : quelles solutions en cas de panne ? Réponses d’un professionnel


Publié le : 03/09/2013
Les expériences de ce type sont de plus en plus nombreuses : « Mon compteur est un vrai sapin de Noël, il s’allume et s’éteint sans cesse ; et m’indique que j’ai parcouru 15 000 km en 2 jours ! » « Depuis ce matin plus du tout d’affichage, plus de compteur, plus de voyant, plus rien du tout, le reste fonctionne correctement. Que faire ? » « Ma voiture ne démarre plus, plus de fermeture centralisée non plus... »  

Force est de constater que les tableaux de bord de certains modèles de véhicules finissent systématiquement par tomber en panne... France Casse a donc décidé d’enquêter pour vous.

Il faut savoir que changer son compteur défaillant par un autre en bon état n’est pas forcément la meilleure solution... Ni sur un plan financier, ni sur un plan pratique. Même si celui-ci provient du même modèle, et même s’il provient de France Casse !

Ces problèmes sont généralement liés à un défaut de fabrication, récurrent sur l’ensemble d’une série. Il est donc fort probable que si vous remplacez votre compteur en panne par un compteur d’occasion (en supposant que cela soit possible), celui-ci risque aussi de subir les mêmes défaillances quelques années plus tard, pour les mêmes raisons... De plus il se peut que ce nouveau compteur d’occasion ne soit pas totalement compatible. Nous allons voir pourquoi en détail. Quand on connaît les prix de ces compteurs neufs (de 700€ à plus de 1000€ !), mieux vaut ne pas s’aventurer dans ce cercle vicieux.

Afin d’avoir un point de vue fiable et pertinent sur la question, nous avons décidé d’aller à la rencontre d’un professionnel, qui nous a aidé à préparer cet article et a répondu à quelques questions que nous présenterons en fin d'article.

Tout d’abord, il faut bien comprendre qu’un compteur n’est rien d’autre qu’un calculateur. Avant de nous focaliser sur les compteurs, nous allons voir quelques basics de l’électronique auto pour bien comprendre d’où viennent les problèmes et quelles sont les solutions.

Fonctionnement de l’électronique auto

Aujourd’hui les véhicules sont truffés de matériel électronique et rares sont ceux qui ne rencontrent pas de problème de défaillance à un moment ou un autre. Il est donc important de savoir comment l’électronique fonctionne dans nos voitures.

Grossièrement, l’électronique auto pourrait se diviser en trois grandes catégories. La première regrouperait les capteurs, la seconde les calculateurs et enfin la dernière les actuateurs (comme le servomoteur ou les électrovannes).

Ces trois groupes interagissent entre eux via un programme présent dans chaque calculateur. Tous les calculateurs sont reliés par un ou des BUS. On peut voir un BUS comme un moyen de réduire le nombre de fils électriques nécessaires entre les composants, c’est une sorte de multiplexage :

BUS CAN (Source : univ-mlv.fr)

1. Les calculateurs

Sur certaines voitures haut de gamme, le nombre de calculateurs peut facilement avoisiner la quarantaine. Les calculateurs, ou « systèmes embarqués » sont comparables à des ordinateurs capables de trier, d’analyser et de traiter les données envoyées par les capteurs afin de bénéficier de conditions de conduite optimales en s’adaptant à chaque situation.

Certains calculateurs sont des systèmes complets comme les tableaux de bord, afficheurs, calculateurs d’airbag, d’ABS et d’ESP, climatisation, etc. Ils communiquent entre eux ou avec les pièces maitresses via le BUS. Les pièces maitresses sont les calculateurs moteur et habitacle. Le premier est absolument nécessaire au fonctionnement du moteur, le second est prioritaire sur les actions de déverrouillage anti-vol.

Ce sont des pièces complexes d’électronique constituées de plusieurs centaines de composants électroniques, pouvant consommer beaucoup d’énergie.

L’intérieur d’un calculateur moteur. Pas impressionnant, mais très important !

2. Les capteurs

On en retrouve une centaine sur les véhicules les plus récents. Ce sont des éléments essentiels car ils vont servir à transmettre tous types d’informations comme la température du moteur, la température extérieure, la pluie et la lumière, la position, la vitesse, la pression atmosphérique, la pression des pneus, la trajectoire, les niveaux d’huile, d’essence, etc. sous forme de données interprétables par les calculateurs.

Quelques capteurs présents dans une Mercedes classe C.

N’oublions pas aussi tous les interrupteurs et commandes électroniques qui même s’ils ne sont pas à proprement parler des capteurs, jouent le même rôle du point de vue des systèmes embarqués.

L’objectif premier d’un capteur est donc de renseigner les différents calculateurs présents dans une voiture sur les « conditions environnementales » et sur l’état des différents composants d’un véhicule. Grâce à ces renseignements, les calculateurs vont pouvoir agir et réagir directement et en temps réel via les actuateurs.

3. Les actuateurs

Une fois les données issues des capteurs traitées, les calculateurs envoient des signaux aux actuateurs (ou actionneurs) pour permettre une action physique sur un ou plusieurs éléments précis du véhicule. Les actuateurs sont donc des moteurs électriques, des électro-aimants, sirènes, klaxons, mais aussi les lampes et leds, etc.

Le cœur du problème

L’électronique auto va donc finalement permettre d’agir en temps réel sur différents domaines : • Confort • Sécurité • Direction • Suspension • Systèmes ouvrants • Freinage • Transmission • Moteur • Ligne d’échappement

Certaines de ces données sont visibles sur le tableau de bord via les différents voyants qui le composent comme le niveau d’essence, la température du moteur, le niveau d’huile etc.

Prenons un exemple : Lorsque le calculateur qui gère la température du moteur n’arrive plus à réguler cette température seul, il va indiquer au conducteur qu’il y a une surchauffe au niveau du moteur via un voyant visible sur le tableau de bord. Ceci indique au conducteur qu’il y a un problème et qu’il faut qu’il s’arrête le plus rapidement possible.

Pourquoi le recourt aux pièces électroniques d’occasion n’est pas toujours envisageable ?

Tous les calculateurs (dont le compteur) forment un réseau leur permettant de dialoguer entre eux via le bus.

Certains calculateurs sont bridés à l’aide d’un code unique au véhicule comme celui de l’anti démarrage par exemple. En effet, pour limiter le risque de vol ou de manipulation, chaque véhicule possède un code unique. Ce code correspond en quelque sorte au VIN du véhicule permettant de l’identifier. L’objectif de ces systèmes codés est d’éviter qu’une personne mal intentionnée utilise son propre calculateur avec sa propre clef pour démarrer une autre voiture. D’ailleurs c’est une des raisons pour laquelle on voit de plus en plus de car jaking et home jacking… C’est pour cela que lorsqu’une panne provient directement d’un élément électronique, cela peut vite devenir très compliqué à réparer soi-même.

Les calculateurs neufs sont souvent livrés non codés. Quand un tel calculateur vierge est installé sur un véhicule, il va récupérer des informations (dont le fameux code) auprès du système anti-démarrage dès le premier démarrage du véhicule. Le calculateur vierge va donc enregistrer le code d’anti-démarrage automatiquement, et se « brider » définitivement. Il ne pourra alors plus s’adapter à un autre véhicule (en théorie).

Si l’on remplace un compteur par un d’occasion (sous-entendu un compteur comportant un minimum d’électronique – cela ne concerne pas les compteurs à aiguille d’ancienne génération), plusieurs problèmes peuvent se poser suivant les modèles :

  • S’il contient un code d’anti-démarrage, il sera impossible de démarrer le véhicule puisque les codes ne correspondront pas.
  • Si le kilométrage (digital) est stocké dans l’électronique du compteur, le kilométrage ne sera pas celui du véhicule.
  • Si le compteur contient les paramètres de différentes options électroniques du véhicule, ceux-ci pourront dysfonctionner car tous les véhicules n’ont pas les mêmes options d’activées. De plus, certaines informations peuvent dépendre directement des caractéristiques techniques du véhicule (exemple : la vitesse dépend du diamètre des roues).
  • Etc.

Lorsqu’on veut remplacer soi-même un calculateur par un d’occasion, il faut donc s’assurer que celui-ci soit virginisé, c.-à-d. « formaté » (ce qui est impossible sans l’intervention d’un professionnel en électronique auto).

Pourquoi les garagistes ne font pas d’occasion, mais remplacent systématiquement la pièce défaillante par une pièce neuve ?

Les garagistes ne sont pas spécialistes en électronique et pourtant ils en sont de plus en plus dépendants. Il faut dire que les constructeurs ne les aident pas vraiment. Ils n’ont ni le matériel nécessaire à une intervention électronique ni les compétences théoriques pour ce genre de pratiques. Les garagistes sont des mécaniciens de formation et ne peuvent donc généralement pas assurer ce type de prestation.

Les garagistes possèdent tout de même ce que l’on appelle une valise. Il en existe une par marque (valise Renault, Peugeot etc.) et ces valises permettent aux garagistes d’accéder à certaines informations issues des différents éléments électroniques que l’on vient d’étudier. Mais cette valise ne permet pas d’agir concrètement sur certains calculateurs lorsqu’ils sont « bridé », juste d’analyser leur contenu.

Comment font les prestataires spécialisés en électronique auto ?

Les professionnels en électronique auto procèdent différemment. Pour agir sur les contenus d’un calculateur, ils vont intervenir directement au niveau de ses composants.

Il y a deux types de puces de mémoire dans ces calculateurs : Eprom (Erasable Programmable Read-Only Memory qui peuvent être réinitialisées contrairement aux mémoires prom non effaçables) et Flash (qui sont des sortes d’eeprom pouvant être reprogrammées électroniquement sans être dessoudées du circuit).

Via leur valise, les garagistes ne peuvent pas modifier les informations propres au véhicule car la valise ne peut pas agir sur les Eprom.

Grâce à des logiciels informatiques et du matériel électronique spécialisé, les électroniciens vont accéder aux données informatiques des calculateurs en écrasant les informations présentes dans les puces électroniques. En effet, les calculateurs ne sont ni plus ni moins que des boitiers contenants des puces électroniques capables de traiter des données, comme dans les ordinateurs, les Smartphones etc. Souvent, la puce doit être dessoudée, et reprogrammée via un appareil spécifique, comme c’est le cas avec les Eprom. Une fois les données copiées, ils vont réimprimer le contenu de la puce originale sur une puce vierge. Ainsi, toutes les informations relatives au véhicule sont conservées. S’il s’agit d’un compteur par exemple, les informations relatives au kilométrage, à la vitesse, aux réglages personnels du conducteur etc. vont être conservées. Et bien évidemment, ce procédé permet de conserver les codes uniques aux véhicules comme l’anti-démarrage et autres.

De cette façon, il est donc tout à fait possible de réparer un calculateur, même « bridé », en effectuant un « copier / coller » du contenu de l’ancienne puce vers la nouvelle.

Interview d'un professionnel

Gregory Chaix est gérant de la société EG Chaix, spécialisé dans la réparation de compteurs et plus généralement de calculateurs automobiles. Vous pouvez le contacter via son site repare-compteur.fr « - Bonjour Gregory, nous avons parlé d’électronique auto de manière générale, mais en ce qui concerne les compteurs plus particulièrement, quels sont les symptômes les plus constatés ? - Oula il y en a beaucoup…

• Problème d’aiguille (vitesse, jauge de température, compte tours, etc.) • Compteur complètement éteint ou qui clignote, • Afficheur LCD défectueux. • Etc. Cela varie fortement d'un modèle de véhicule à un autre.

- Quelles sont les marques les plus fréquemment touchées ?

- Peugeot, Renault, Bmw, Citroën, Volvo, tout le groupe volkswagen VAG : Audi, Volskwagen, Seat, Skoda, etc.

On retrouve souvent les mêmes compteurs sur des marques différentes car ils sont fabriqués par des équipementiers ce qui explique que les problèmes soient généralisés.

Exemple d’équipementier : Magneti marelli, Bosch, VDO, SIEMENS, Johnson control (qu’on retrouve sur tous les scénic 2). YAZAKY, SAGEM, JAEGER, VALEO, VISTEON, TRW et d’autres.

- Quels sont les modèles les plus fréquemment touchés par ce type de panne ? - Ca dépend vraiment des années, par exemple les scénic 2 de 2003 à 2005 sont particulièrement touchés, les Audi de 1996 à 2004 … - Peut-on éviter ou prévoir le problème ? - Non, on ne peut pas l’éviter. Et le prévoir peut être en comparant aux véhicules du même modèle ou possédant le même compteur je suppose. - Quelles solutions proposent ces marques lorsque notre compteur est HS ? - D’en remettre un neuf au prix fort. - Et le prix fort c’est combien ? - Ca varie entre 500 et 1500 euros pour être large. Voir plus pour les cas particuliers. - Et la garantie ?

- Attention : Pour les voitures d’occasion, souvent les compteurs ne rentrent pas dans la garantie dans certains garages. Donc bien se renseigner sur le contrat de garantie avant.

Et pour les voitures neuves, oui évidemment on a la garantie « constructeur ».

- Quelles sont les solutions pour remédier au problème ?

- En acheter un neuf C’est possible d’en acheter un d’occasion mais il y aura forcement des problèmes de compatibilité. Certains sont minimes et donc pas forcément gênant mais pour d’autres ça peut être très embarrassant. Le faire réparer ou le réparer soi même si on a les compétences nécessaires.

- Donc il est possible de réparer soi-même son compteur ? On voit beaucoup de kit de réparation.

- Oui mais je tiens à mettre en garde, cela nécessite certaines compétences assez pointues. Si on n’a jamais touché à l’électronique, que l’on ait un kit de réparation ou pas, mieux vaut ne pas s’aventurer. Un avertissement, une fausse manipulation peut engendrer des conséquences irrémédiables. Et une fausse manip, ça arrive vite quand on n’a pas l’habitude (électricité statique par exemple).

Je reçois régulièrement des compteurs « bricolés » par leur propriétaire ce qui complique fortement la réparation car c’est plus difficile de trouver la source de la panne, voire complètement irréparable pour certains. Même si c’est plus rare.

- Ce type de panne peut il arriver sur une moto ? - Oui c’est tout à fait possible, tout comme sur un bateau ou un avion. D’autant plus que les motos sont beaucoup plus soumises aux vibrations, aux intempéries, aux UV etc. Les UV attaquent les joints par exemple donc l’eau peut rentrer dans le compteur. Les motos sont en revanche moins bridées en ce qui concerne l’électronique (pour l’instant). - Les solutions sont-elles identiques ? - Oui on utilise les mêmes procédés. C’est de l’électronique. - Le phénomène est-il voué à s’amplifier ou à s’estomper ?

- Avec le tout numérique, ça va être de pire en pire si les constructeurs ne font pas d’effort en termes de qualité de production. Beaucoup de défauts de fabrication et de pannes pourraient être évitées. Et puisque l’électronique devient de plus en plus complexe dans les voitures, il est inévitable que les pannes deviennent fréquentes et elles seront de plus en plus difficiles à diagnostiquer.

- Combien coute une réparation environ ?

- Ca dépend, mais généralement, dans les cas les plus basiques, entre 150 et 200 euros. Mais cela dépend surtout de l’état du compteur : nombre de pannes, état général, si les composants ont été détériorés par un ‘’bricolage maison’’ par exemple cela peut gêner voire rendre impossible la réparation… Donc ça représente généralement environ 15% du prix du neuf. C’est très économique !

- Comment expliques-tu un tel écart de prix entre les prestataires spécialisés comme toi et les mécaniciens agréés par une marque ?

- Tout simplement car il est beaucoup plus facile pour les mécaniciens auto de remplacer par du neuf que d’essayer de réparer… Mais certains garages prennent conscience que c’est aussi dans leur intérêt de trouver la solution la plus économe et la plus efficace pour leurs clients, et je travaille donc avec des garages qui me confient les réparations électroniques des véhicules de leurs clients. C’est un très bon partenariat puisque leurs clients sont satisfaits du résultat et du prix et les mécaniciens gagnent du temps en plus d’améliorer leur image.  »

J'espère que ces informations vous auront été utiles, et n'hésitez pas à intervenir dans les commentaires !



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